Evo Morales a été réélu président de la Bolivie dès le premier tour. Une élection gagnée en partie grâce à une opposition radicale aux États-Unis.

Pendant la campagne présidentielle en Bolivie, un sujet a fait l’unanimité, et explique la réélection triomphale d’Evo Morales au premier tour, avec plus de 61 % des voix : la nouvelle visibilité du pays sur la scène internationale. « Maintenant, les étrangers savent où est la Bolivie », assure Jessica Terceros, étudiante en économie à Santa Cruz.

Les classes populaires s’identifient à ce président qui a dû arrêter l’école pour travailler dans les champs de coca. « Les deux derniers présidents étaient blancs. Beaucoup ne se sentaient pas concernés par leur politique », poursuit Francisco Kuno, employé d’hôtel. Quand Evo Morales part en voyage diplomatique, c’est tout un peuple qui l’accompagne.

« Cette victoire est une reconnaissance pour les peuples et les gouvernements anti-impérialistes », a clamé Evo Morales à l’issue du scrutin dimanche 6 décembre. Une ligne politique à laquelle il se tient depuis 2002. A tel point que l’ambassadeur américain Manuel Rocha avait menacé les Boliviens de couper les aides états-uniennes s’ils élisaient ce président « lié au trafic de drogue ». Devant un million de militants rassemblés la semaine dernière à El Alto, bastion du MAS (Mouvement pour le socialisme, le parti au pouvoir), le vice-président Alvaro Garcia Linera lance : « Aujourd’hui, il n’y a plus d’ambassadeurs qui nomment des ministres à leur gré ».

Une allusion à l’expulsion en octobre 2008 de l’ambassadeur américain Philip Goldberg, accusé d’avoir fomenté le soulèvement autonomiste de Santa Cruz qui avait fait 19 morts. Les États-Unis ont drastiquement réduit les importations de produits boliviens. Qu’importe, le pays exporte massivement vers le Venezuela, son principal allié.

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