La capitale est à l'image du pays : double, divisée. Un an après la mort de Hugo Chavez, alors que les mouvements étudiants se poursuivent, deux perceptions des événements s'écrivent. Traversée de la ville d'ouest en est, d'une Caracas chaviste aux quartiers aisés sous les gaz lacrymogènes. De notre envoyé spécial à Caracas.

Des maisons de briques ocre, les unes sur les autres, entremêlées, glissent le long des pentes de la montagne El Avila vers le centre de Caracas. Ce sont les quartiers populaires, les « barrios » de l'ouest qui accueillent le voyageur venant de l'aéroport de Maiquetia, au bord de la mer Caraïbe, à une heure de route environ de là. La montagne s'est refermée derrière lui. La mer n'est plus qu'un lointain souvenir. Ce lundi matin, en cette période de carnaval et de manifestations étudiantes, la circulation est bien moins dense que d'habitude. Les interminables bouchons qui rongent la patience des chauffeurs ont pratiquement disparu. Le nouvel arrivant perçoit à l'est les hautes tours vitrées du centre-ville, devine au-delà les quartiers aisés. L'ouest et l'est sont synonymes pour les « caraquenos » de pauvre et riche, chavistes et opposants. Et tant pis s'ils prennent des libertés avec la réalité : Petare, un des plus grands « barrios » d'Amérique latine, est par exemple à l'est.