Dans une île où l’homosexualité était sévèrement réprimée car considérée comme une « déviance bourgeoise », les gays, lesbiennes, bi et transexuels gagnent petit à petit des espaces de liberté. Les premiers bars gays ouvrent à La Havane. Mais tout n’est pas rose au pays des barbus. Reportage dans l’île du machisme-léninisme.

Samedi soir. Deux heures du matin. Le quartier du Vedado à La Havane se métamorphose. Les familles de la journée laissent la place aux couples d’hommes nocturnes. L’avenue numéro 23 se peuple d’éphèbes coquets. Sourcils épilés. Débardeurs moulants. Muscles saillants. On se promène main dans la main sous l’œil discret de trois policiers au volant d’une vieille Lada soviétique. « Il y a 30 ans, on nous frappait dans la rue. Il y a 20 ans, c’étaient les insultes. Aujourd’hui nous sommes tolérés », observe Miguel*, 28 ans.