Le Venezuela tente de cacher une énorme pollution au pétrole

Paru le 18 Avril 2012
dans La Croix http://www.la-croix.com/Actual...
Localisation : Amérique du sud

Le Venezuela fait face à de multiples fuites de pétrole, et l’une d’elles, dans l’État de Monagas, a pris une ampleur inédite. ‣ Le gouvernement essaie de masquer le problème et d’intimider ceux qui dénoncent la dangerosité de l’eau. ‣ L’or noir demeure la première ressource du pays.

Le Venezuela fait face à de multiples fuites de pétrole, et l’une d’elles, dans l’État de Monagas, a pris une ampleur inédite. ‣ Le gouvernement essaie de masquer le problème et d’intimider ceux qui dénoncent la dangerosité de l’eau. ‣ L’or noir demeure la première ressource du pays.

Le 4 février dernier, un oléoduc se rompait près du village vénézuélien de Jusepi n. « Environ 80 000 barils de pétrole », soit 12 millions de litres, selon le biologiste Antonio Machado, spécialiste de l’écologie tropicale à l’Université centrale du Venezuela, se déversaient alors dans la rivière Guarapiche. C’était la « plus grande catastrophe mondiale en eau douce », selon le Réseau des sociétés scientifiques vénézuéliennes et différents experts. L’accident le plus important qu’ait connu le continent américain après la marée noire du golfe du Mexique en 2010 aux États-Unis.

Le gouvernement n’a jamais communiqué l’ampleur de la catastrophe. La société nationale de pét ro l e, PDV SA , n ’a pa s réag i immédiatement. « La fuite a eu lieu à 6 h 30 du matin. Ils ont arrêté la fuite seulement le lendemain à 10 heures », soutient José Bodas, président du syndicat de la Fédération des travailleurs du pétrole vénézuélien (FUTPV). Le ministre de l’environnement dément : « Le protocole de sécurité » s’est appliqué « immédiatement » assure-t-il, tout en avouant que le pétrole s’est répandu « durant vingt heures ».

« Tout le Guarapiche était noir ! », raconte Maria, habitante de Jusepin, la seule personne dans le village qui accepte de parler. Du 4 février au 18 mars, toute l’agglomération de la capitale de l’État de Monagas, Maturin (400 000 habitants), n’a plus eu d’eau courante. Les pouvoirs publics ont organisé des tournées de camionsciternes qui parcouraient la ville et remplissaient les réservoirs des habitants. Aujourd’hui encore, environ un tiers des habitants est affecté.

Le gouvernement a fait pression sur les Eaux de Monagas pour que l’eau soit de nouveau acheminée vers la ville de Maturin, répétant que « 95 % des hydrocarbures qui ont fui ont été ramassés ». Le ministre de l’environnement, Alejandro Hitcher, s’est fait menaçant : « Si le gouverneur et le maire continuent à vouloir créer une crise (…), nous prendrons les installations, l’infrastructure et nous amènerons nous-mêmes l’eau sur place. »