L'intégration des futurs ex-guérilleros des Farc effraie la Colombie
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Avec le processus de paix entre les Farc et le gouvernement, les Colombiens se mettent à rêver de leur pays de demain. Les obstacles sont nombreux, les rêves incompatibles, la violence toujours présente. Le premier nœud du processus de paix est le devenir des Farc, que les Colombiens préféreraient voir derrière les barreaux.
C'est un château de cartes, minutieusement bâti, qui peut s'effondrer à tout instant. Les pourparlers de paix entre les Forces armées révolutionnaires (Farc) de Colombie, qui comptent environ 8 000 hommes en armes, et le gouvernement, sont officiellement engagés depuis le 18 octobre 2012.
Des négociations, il y a en eu d'autres, comme cette tentative, initiée durant la présidence de Belisario Betancur (1982-1986), sabotée par des groupes paramilitaires, qui se solda par un retentissant échec. Les adversaires, il y en a aussi. L'ancien président conservateur Alvaro Uribe ne manque pas de décocher ses flèches contre ce processus, niant aux Farc la faculté d'être des interlocuteurs possibles. La majorité des Colombiens sont sceptiques, car beaucoup n'ont connu que la guerre, qui dure depuis plus d'un demi-siècle. Le décompte des morts d'un camp, d'un autre, l'arrivée dans la ville de personnes ayant dû fuir le conflit – faisant de la Colombie le vice-champion du monde des déplacés avec plus de 6 millions de personnes concernées –, les annonces de l'assassinat d'un syndicaliste, d'un Amérindien, d'un membre d'une association qui parlaient trop haut, trop fort et qui retombent vite dans l'oubli… Tout cela est entré dans les habitudes.
Et pourtant, les pourparlers se poursuivent. « Nous n'avons jamais été aussi proches d'un accord », veut croire le sénateur de gauche Ivan Cepeda. « Dans l'histoire des négociations de paix en Colombie, pour la première fois se tient un dialogue de paix avec l'intention explicite, depuis le départ, de mettre fin au conflit armé interne et de créer les conditions nécessaires pour que la société construise la paix avec une justice sociale », assure l'ex-commandant de l'Armée de libération nationale (ELN), la seconde guérilla du pays, Carlos Arturo Velandia.