USA : John and John, duo plaisir à Atlanta
John and John Duo plaisir à Atlanta
A Atlanta, plus connue pour la country musik et le hip hop, le ukulele se construit une place comme le démontre le Front Porch Session Players. Parmi les cinq amis de cet ensemble de cordes, John et John s’éclatent sur leurs quatre cordes.
16h30, un vendredi de janvier dans le sud d’Atlanta, Géorgie – USA : coiffé d’une casquette qui surplombe deux yeux bleus, très bleus, John Kelly m’ouvre la porte d’une agence immobilière… celle que tient sa femme. Il a accepté de parler de ukulele pour “le magazine français”. Mais il prévient : « Désolé, je dois partir à cinq heures et demie, je suis inquiet pour un de mes élèves, il a fait une mauvaise chute, je vais l’accompagner chez une chiropractrice pour qu’elle vérifie qu’il n’a vraiment rien de grave ». John a passé 70 ans. Passionné de vélo, il est coach première catégorie : il a donc le droit d’entraîner des équipes cyclistes représentant les USA à l’international. Sa spécialité, ce sont les espoirs, il est d’ailleurs souvent venu en Europe pour accompagner ses jeunes. Son autre passion, c’est la musique. « Il y a cinq ans, j’ai découvert qu’un de mes amis jouait du ukulélé. Moi, je jouais de la guitare et de la mandoline. Je me suis dit, tiens, je n’ai jamais essayé ca. Alors je m’y suis mis et voilà ». Tout lui paraît simple et normal… Sur la dizaine de uke qu’il possède, il en a apporté quatre : un uke banjo qu’il a complètement reconstruit, un Condoba ténor, un Martin Sopran et son Telecaster, baryton électrique qu’il a fabriqué lui-même. « Il a un vrai don avec le bois » explique l’autre John du Front Port Session Players, John Batson. A 47 ans, ce consultant en informatique passe son temps dans sa voiture à arpenter les artères de la capitale de Coca Cola et de CNN. La probabilité qu’ils se rencontrent dans cette mégalopole de 5 millions et demi d'habitants était assez faible et pourtant. John Batson, quand il s’est mis à l’instrument, a demandé dans les magasins de musique pour prendre des leçons . « J’ai fini par trouver un prof qui était ami par ailleurs avec John et nous a mis en relation. Nous avons commencé à jouer chez lui car il habite vraiment downtown alors que je vis à l’extérieur de la ville. Nous avons tenté de créer un club, mais il n’y a pas encore assez de joueurs par ici ce qui ne nous a pas empêcher de faire quelque jams sessions mémorables avant de créer le Front Porch Session Players. Il nous permet de rencontrer des gens que nous n’aurions jamais rencontré autrement».
John Batson a lui aussi apporté quelques ukulélés : un Windaroo 8 cordes acheté sur e-bay et dédicacé par Jake Shimabukuo (une grande fierté pour lui), un Kamaka ténor qu’il a fait électrifier par la marque et un Kamaka soprano tous deux en koa. Il n’a pas avec lui son tout premier, un baryton, déclic de sa passion. « Au décès de mon père, il y a quatre ans, j’ai hérité de son ukulélé, je n’en avais jamais joué. J’avais pris quelques cours de guitare, mais sans avoir jamais été très fort. Jouer du ukulélé m’a permis de dépasser des moments très durs au niveau personnel, c’est un instrument qui vous met de bonne humeur, avec lequel on peut très vite jouer des choses intéressantes. Et vous trouvez toutes les méthodes pour apprendre sur internet, avec des conseils et des partitions. Après pour progresser, rien de tel que de jouer en groupe. Je suis devenu un vrai fanatique, le ukulélé m’a permis de jouer toutes les musiques que je n’arrivais pas à jouer sur la guitare et de mieux comprendre la musique en général ». Avec trois amis (Brad Kaegi, Tom Gentry et Matt Monaco) que rejoignent parfois d’autres musiciens, ils répètent tous les mardis soirs…tous les styles de musique, du gypsi jazz à la musique folk ou plus rock. Le Front Porch Session Players possède déjà des dates régulières: il se produit le troisième jeudi de chaque mois chez Daddy Dz (264 Memorial Drive Southeast), anime un dimanche par trimestre le brunch chez Earl (448 Flat Shoals Avenue Southeast), et depuis trois ans en août au Summer festival de LP Grant Park (le plus vieux parc d’Atlanta). Ils devraient avant la fin du premier trimestre 2011 enregistrer leur premier disque. Les géorgiens les connaissent déjà car ils ont enregistré le générique de l’émission radio « the kids are alright » qui passe tous les samedis matins sur Station 1690 – la radio culturelle et artistique d’Atlanta. Le Front Porch Session Players devrait enregistrer ses propres compositions « car quand vous jouez dans les bars et les night club, il faut payer les droits alors les propriétaires préfèrent que nous jouions nos propres morceaux comme Five foot two, Desperado ou Angel from Mongomery … ». Pour l’instant, l’argent récolté lors de leurs sessions a été réinvesti dans le matériel, mais ils espèrent une plus large reconnaissance après l’enregistrement.
Si vous passez par Atlanta, ils seront heureux de faire un bœuf avec vous.
Macha Mars
Coordonnées : myspace / facebook / lie site pluck pour les vidéos Allez donc faire un tour sur leur Myspace pour découvrir leurs jeux et sur le site de Pluck pour voir notre petite « jam » avec les Johns.
Encadré
Atlanta, visite guidée Neuvième zone urbaine des USA, Atlanta est en effet bien engorgée. Elle affiche d’ailleurs la plus grande croissance en nombre d’habitants du pays (plus de 20% entre 2006 et 2009), et dépasse désormais Boston. Elle installe des studios de cinéma « moins guindés » que sur la côte ouest, affiche un taux de chômage plutôt faible, attire par son climat tempéré même si, certains hivers, le vent qui s’engouffre down town entre les tours vous glace aussi bien qu’à New York. Et que la dernière tornade, en 2008, est encore bien présente dans les mémoires à tel point que les supermarchés Publix vous proposent un guide pour « se préparer aux ouragans » avec liste des denrées de première nécessité, aliments pour chien et beurre de cacahouète en tête. Allez faites un effort, nous sommes à Atlanta, la capitale de la Géorgie (USA). Bien sur que si, vous savez ou c’est, juste à gauche de la Floride, oui, oui, c’est bien là que Margaret Mitchell a écrit Autant en Emporte le Vent. De l’appartement où la célèbre auteure a rédigé son mythique ouvrage terminé en 1936 aux lieux hantés par Martin Luther King Jr, la ville marque l’histoire du Sud. Entre deux visites, allez passer aussi deux heures dans le plus grand aquarium du Monde et y voir se faire nourrir les requins baleine (quite impressive my dear).
Où acheter son ukulele ? Vous avez déjà vu le musée Coca Cola, l’Aquarium, le High Museum of Art (il vaut vraiment le détour) et la tour CNN, allez donc explorer les stands testés pour vous…Selon John and John, les deux magasins disposant de la plus large offre de ukulélés à Atlanta sont Maple Street Guitar, plutôt au Nord et Earth Shakin Music, plutôt au Sud. Deux magasins qui effectivement proposent instruments (du quasi jouet au uke à résonnateur), cordes (Aquila en tête) et réparations. George Petsch, son épouse Claire, leur fils Lindsay : Maple street guitar, localisé comme son nom l’indique 3199 Maple Drive Northweast à Atlanta, est une affaire de famille, de famille de guitaristes. Lancée il y a 30 ans d’abord pour donner un cadre aux leçons dispensées par George et Claire, le magasin regorge désormais de guitares et de leurs cousins/cousines, essentiellement des matériels acoustiques, sous maîtrise du taux d’hygrométrie... pro quoi. « Nous proposons une gamme de ukulélés allant de 30 dollars pour le premier, de marque Mahalo, destiné aux enfants et fabriqué en Chine, en bois laqué de couleur, à plus de 1300 dollars pour un ukulélé ténor en koa de Collings (Texas), disponible uniquement sur commande » explique George qui dispose encore d’un Kamaka soprano en koa à 975 dollars après avoir été dévalisé pour les fêtes. Friand des artisans, il travaille également avec Augustino LoPrinzi et sa fille Donna de Floride. « Nous notons une vraie tendance au développement de cet instrument. Et pas uniquement pour offrir un cadeau peu cher et inciter les enfants à aborder la musique. Nous vendons effectivement des dizaines et des dizaines de ukulélés Mahalo par an, nous les commandons par 24 ou 48 à la fois. Et bien sur, nous proposons aussi des ouvrages de formation musicale spécifiques, des vidéo et des DVD. L’un de nos professeurs donne également des cours ici. Mais nous voyons de plus en plus de passionnés ». Pour George, pas de doute, la relance récente du ukulélé est clairement liée aux Etats Unis au concert donné par Jake Shimabukuro lors d’un salon professionnel il y a cinq ans devant un parterre de distributeurs d’instruments à San Francisco. « Avant, nous avions tous plus ou moins l’impression que le ukulélé était une sorte de jouet ou tout au moins qu’il n’y avait pas de grande technicité pour le maîtriser. Il nous a montré combien l’instrument est en fait multiple, capable de s’adapter à tous les styles de musique. Evidemment, cette prestation a incité les revendeurs à proposer des ukulélés. » Des enseignants en collège tentent également d’installer le ukulélé comme instrument d’apprentissage de la musique. Sur la côte ouest l’engouement est bien plus marqué qu’en Géorgie, bien à l’Est, mais le banjo, très présent dans les musiques du Sud, a su lui laisser une place. Fin janvier, le stock était au plus bas après les ventes de Noël, Claire, chargée des commandes, est en pleine action… Chez Earth Shakin Music, l’ambiance est plus variée, avec plus de types d’instruments (le rayon basse, guitares électriques et ampli, que mes hommes m’avaient demandé d’arpenter est ici plus fourni), le propriétaire est percussionniste ce qui fournit quelques surprises intéressantes au détour des rayons. Sur le comptoir, un ukulélé banjo démonté a pris un ticket pour une remise en forme. Car Dave est un crack de la réparation. Et je vois mon premier uke à résonnance. Bon, joli et amusant quoique bien moins rangé… à visiter aussi. Ne serait ce que pour le sourire du tenancier Dave Strohauer épaulé là aussi par son épouse, Lisa. Un des professeur attaché au magasin est également spécialisé en ukulélé.