Venezuela : "Tripoli est calme"
« La France petit pays de merde avec Sarkozy », peut-on lire en français sur des pancartes brandies par un groupe de manifestants devant l'ambassade de France à Caracas.
« La France petit pays de merde avec Sarkozy », peut-on lire en français sur des pancartes brandies par un groupe de manifestants devant l'ambassade de France à Caracas.
Ce lundi, les chaînes publiques vénézuéliennes retransmettent l'évènement à force de plans serrés sur les manifestants, se gardant de montrer l'ampleur de la protestation : une centaine de personnes au plus.
« Ils veulent envahir la Libye, prendre le pétrole sans écouter les propositions de paix de notre président Hugo Chavez », crie une jeune femme. Un message répété en écho aux propos tenus par le chef d'Etat vénézuélien.
Dimanche 20 mars, lors de son rendez-vous télévisuel hebdomadaire avec ses compatriotes, « el Commandante » a rappelé son opposition aux frappes aériennes sur la Libye :
« Une fois de plus, l'Empire [les Etats-Unis, ndlr] impose sa loi. »
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Les Français n'ont d'ailleurs pas été épargnés :
« Ils se sentent fiers, ils se croient encore les maîtres du monde ! »
Le twitt de Hugo Chavez (Twitter). Cliquer pour agrandir.Le président socialiste n'a jamais démenti ses relations amicales, renforcées par des accords économiques, avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi. Fin février il tweettait :
« Vive la Libye et son indépendance ! Kadhafi est confronté à une guerre civile. » (Cliquer pour agrandir)
TeleSUR, la « sérieuse » concurrente de CNN
Début mars, le chef de file de la gauche sud-américaine s'était proposé comme médiateur de la crise libyenne.
Il n'est pas surprenant que les chaînes publiques et les rares journaux chavistes soutiennent ce discours. Plus étrange : la couverture faite par TeleSUR.
Cette antenne dont le capital de base appartient à 51% au Venezuela et à d'autres pays d'Amérique du Sud comme l'Argentine (20%) se veut une concurrente à CNN. Des sommités de gauche participent au conseil de surveillance comme l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano ou Richard Matthew Stallman, programmateur du logiciel libre. Le média est reconnu pour son sérieux. Il a d'ailleurs été l'un des rares à dénoncer le coup d'Etat au Honduras en 2009.
« Nous savons ce qu'il se passe en Libye depuis que les journalistes de TeleSUR y sont entrés », disent les Vénézuéliens socialistes quand la discussion s'étend sur les affrontements du pays nord-africain.
« Tripoli est calme », assure son envoyé spécial
Les images diffusées ont d'abord été celles de la chaîne qatarie Al Jazeera avec qui TeleSUR coopère. Le ton plutôt favorable aux rebelles a changé lors de l'arrivée du premier envoyé spécial de la chaîne sud-américaine, Jordán Rodríguez, à Tripoli.
A son arrivée à l'aéroport, il est détenu cinq heures par les forces de sécurité libyennes avec son équipe pour un interrogatoire musclé, qu'il justifiera ensuite :
« Ils voulaient juste vérifier qui on était. »
Nous sommes le 23 février, avant l'intervention de l'ONU. Kadhafi réprime dans le sang les manifestations. La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) fait état de 640 morts dont 275 à Tripoli et 230 à Benghazi (dont 130 militaires qui refusaient de tirer sur la foule). Des médecins sur place cités par l'AFP évoquent 2 000 décès.