Au Kenya, des islamistes menaçants
Afrique des Grands Lacs. De notre correspondant
À Mombasa, la grande ville portuaire du sud-est du Kenya, l'assassinat, le 27 août, du prédicateur Aboud Rogo Mohammed a déclenché des émeutes. Des jeunes proches de son mouvement - le Centre de la jeunesse musulmane - ont lancé des grenades, tuant trois policiers. Certains se sont aussi rendus dans des églises de Mombasa, qu'ils ont pillées avant de les incendier.
Un nouvel épisode d'une longue série qui a vu la seconde ville du pays sombrer dans l'insécurité. Les attentats à la grenade s'y succèdent depuis des mois, comme les attaques perpétrées contre les lieux de culte chrétiens. La justice s'intéresse de près aux imams. Dans les mosquées de Mombasa, « certains incitent la jeunesse à se battre pour Al-Qaida en Somalie et à tuer des citoyens américains », selon des juges kenyans.
En Somalie, plongée dans une guerre civile depuis plus de vingt ans, on ne compte plus parmi les combattants islamistes shebab ceux recrutés à Mombasa. Cette proximité inquiète les observateurs, d'autant que les shebab reculent, face à l'armée kenyane et les forces des Nations unies. Ils pourraient donc fuir au Kenya. Pour le chercheur canadien Matthew Bryden, qui habite la capitale, Nairobi, « la plus grande crainte, c'est de voir plusieurs centaines d'islamistes rentrer au Kenya depuis la Somalie. (...) Parmi eux, certains sont expérimentés en matière de combat, dit-il. Ils renforceraient le groupe de Mombasa qui n'est pas très bien organisé. »
Les islamistes kenyans cherchent aussi à s'étendre en Afrique de l'Est. Ils trouvent des relais sur l'archipel semi-autonome de Zanzibar, au large de la Tanzanie : des islamistes y ont saccagé et brûlé des églises, au mois de mai.
Arnaud BEBIEN.