En Tanzanie, « le pillage vert » des universités américaines

Paru le 12 Mai 2012
dans Ouest-France http://www.ouest-france.fr
Localisation : Afrique

De notre correspondant en Afrique de l'Est.

On ne les attendait pas là. Certaines universités américaines, parmi les plus prestigieuses, achètent ou louent des terres en Tanzanie via des fonds d'investissement. C'est ainsi qu'Agrisol Energy a signé, en 2010, des accords lui permettant d'exploiter, pour 99 ans au minuscule prix de 0,50 dollar (0,38 €) par an et par hectare, près de 325 000 ha dans le sud-ouest du pays, en bordure du lac Tanganyika. Avec, à la clé, un investissement de 700 millions de dollars (541 millions d'euros) destiné à produire des agro-carburants et des céréales pour l'exportation. « Nous ne voyons aucune logique et nous voulons que le gouvernement nous dise concrètement ce qu'il y a derrière ce deal », dénoncent les députés de l'opposition tanzaniens.

« Plus de 160 000 fermiers vivent sur les territoires concernés. Ils devront quitter les lieux. Seront-ils dédommagés ? Tout est encore très flou. » Pour sa part, sur son site Internet, Agrisol Energy affirme vouloir contribuer « à la sécurité alimentaire de la Tanzanie ». De fait, 4 % de la superficie totale sera affectée à la culture de maïs. « Révolution verte ou pillage vert ? », s'interrogeait un quotidien tanzanien, il y a quelques mois.

Aux États-Unis, l'Oakland Institute, une Organisation non gouvernementale basée en Californie, a enquêté sur ce phénomène et publié un rapport (1). On y apprend qu'Agrisol Energy travaille pour l'université de l'Iowa. Harvard s'appuyant de son côté sur Emergent asset management. Ce fonds d'investissement, basé à Londres, est dirigé par d'anciens cadres de JP Morgan et Goldman Sachs. Toujours selon le rapport de l'Oakland Institute, le rendement pourrait atteindre dans certains cas 25 %.

(1) oaklandinstiture.org

Arnaud BEBIEN.