Tanzanie : Barrick souffle le chaud et le froid
dans Marchés Tropicaux et Méditerranéens http://www.mtm-news.com
Le géant minier canadien exploite quatre mines d’or en Tanzanie. Ses relations avec les populations sont tendues.
Le vase déjà plein a une nouvelle fois débordé en mai dernier en Tanzanie. Des émeutes, sévèrement réprimées par la police, ont entraîné la mort de cinq personnes et fait des dizaines de blessés à Tarime, dans le nord-ouest du pays, non loin de la frontière avec le Kenya. Comme en 2009, la population a manifesté son mécontentement, à proximité de la North Mara gold mine. En cause : les nuisances et les promesses non tenues par Barrick, l’exploitant canadien de la mine depuis 2002 et numéro un mondial de l’extraction aurifère.
Depuis l’arrivée de Barrick, les riverains de la mine se plaignent d’une dégradation de leurs conditions de vie. Certains sont décédés et du bétail a péri suite à la pollution de la rivière Tighite dans laquelle ils puisent tous les jours. Des études environnementales ont été menées conjointement par des universités norvégienne et tanzanienne suite aux premières émeutes de 2009. Les résultats publiés montrent que les produits toxiques, arsenic et cuivre notamment, relevés dans la rivière proviennent bien de la North Mara gold mine. Les riverains, eux, reprochent à Barrick de ne pas avoir empêché la pollution : selon eux, la firme canadienne n’aurait pas remplacé, après son vol, un revêtement extérieur en PVC destiné à contenir les liquides dangereux à l’intérieur de la mine.
Joint fin juillet au siège tanzanien de Barrick à Dar es-Salaam pour revenir sur ces événements, le chargé de communication coupe court : « Barrick n’est pas responsable de la pollution ». À des questions plus précises sur la pièce en PVC non remplacée, il préfère ne pas commenter, tout en confirmant le vol… La position de Barrick est donc des plus ambigües, alors que des études pointent clairement sa responsabilité.
Mais début août, le gouvernement tanzanien est venu confirmer la version de Barrick, en rejetant toute implication des Canadiens dans la pollution de la rivière Tighite. « La North Mara gold mine n’est pas responsable de la pollution qui a affecté les riverains et le bétail. La pollution trouve ses origines dans des puits et des sources contaminés, mais pas par la mine », conclut le rapport du Conseil tanzanien de l’environnement. Des explications identiques à celles que donnait Barrick en 2009, après la publication des premières études indépendantes mettant en avant sa responsabilité dans la pollution. Les ONG, en colère, accusent le Conseil de l’environnement de ne pas avoir tenu compte de leurs remarques.
Barrick avait aussi promis des infrastructures (pompes à eau, écoles et dispensaires) pour les villages voisins de la mine du Nord-Mara. Si les pompes à eau ont été installées, le reste n’est toujours pas sorti de terre. Barrick sait pourtant communiquer sur ses actions. Mi-juillet, plusieurs quotidiens nationaux ont relayé l’arrivée de l’électricité dans des villages entourant Geita, près du lac Victoria, où Barrick possède une autre mine d’or. Plutôt élogieux, ces longs articles rappelaient les $ 100 millions investis par Barrick en Tanzanie depuis 2000 afin de connecter au réseau électrique national les villages voisins de ses quatre mines d’or. Barrick est ainsi largement présent dans les médias, à chaque investissement destiné à la « communauté », comme elle appelle ses riverains.