Tanzanie : vingt-cinq églises détruites
L'harmonie entre les religions est menacée dans ce pays où les musulmans sont très largement majoritaires.
Dar es Salaam. De notre correspondant
Depuis quelques mois, les fins de prières du vendredi dans les mosquées tanzaniennes sont étroitement surveillées par la police. La cause de ce déploiement policier ? Le pillage ou la destruction de quelque vingt-cinq églises chrétiennes par des musulmans.
Le pays, réputé pour son climat pacifique, n'avait encore jamais connu de tels mouvements de foule : les musulmans, qui représentent un tiers de la population, avaient toujours vécu en harmonie avec les chrétiens.
À Zanzibar, un groupe d'islamistes radicaux, prônant la séparation d'avec la Tanzanie continentale, pose des problèmes aux autorités. Depuis mai, ils militent activement pour obtenir gain de cause et menacent de s'en prendre « physiquement » aux chrétiens de l'archipel, situé à une quarantaine de kilomètres des côtes dans l'océan Indien. Fin mai, après des émeutes, deux églises ont ainsi été incendiées à coup de chaises en plastique enflammées.
À Dar es Salaam, la colère des musulmans a éclaté mi-octobre après qu'un écolier chrétien de 14 ans a uriné sur un Coran. Un de ses camarades, musulman, l'avait pourtant prévenu des conséquences et du pouvoir de sa religion : « Tu deviendras un serpent », lui avait-il dit.
L'acte du jeune garçon a rapidement entraîné des centaines de musulmans « offensés dans leur foi » vers les églises de certains quartiers de Dar es Salaam : cinq d'entre elles ont été lourdement endommagées ainsi que des biens appartenant à des chrétiens. Depuis, la tension est retombée mais la police reste sur ses gardes.
Arnaud BEBIEN.